PROTECT30 - retour sur 30 années d'architecture - Paul Lievevrouw

30 ans d'architecture et d'assurances

Nous sommes aux côtés des architectes depuis 30 ans. Durant ces années, la profession a beaucoup évolué ; et nous, nous avons évolué avec elle. Pour PROTECT 30, nous nous sommes entretenus avec quatre architectes que nous accompagnons depuis 30 ans. Quatre clients de la première heure. Quel regard portent-ils sur leur carrière, quelles en ont été les étapes marquantes et leur vision de l'assurance a-t-elle changé ?

Épisode 4: Table ronde avec Paul Lievevrouw (SumProject+SumResearch)


Quels changements avez-vous observés dans le secteur de la construction ces 30 dernières années ?

La durée des dossiers de construction. Les délais se sont considérablement allongés dans notre secteur. Surtout pour la phase de conception et de demande de permis. Certains concours ne se concrétisent qu'après 15 ans. Pour les projets impliquant un promoteur aussi, l'attente est souvent de dix ans. Le processus d'obtention des permis est de plus en plus long. Même les projets de plus petite envergure démarrent de moins en moins vite.

Les architectes traditionnels connaissent encore la division entre conception préliminaire, conception, dossier de demande de permis et dossier d'exécution, ce dernier n'étant élaboré, de même que l'estimation, qu'après l'obtention du permis de construire. Dans le secteur du logement plurifamilial, les choses ne sont déjà plus évidentes, car les promoteurs veulent très vite pouvoir se faire une idée détaillée du projet en vue de la revente. Pour les acquéreurs, celle-ci est souvent décisive et ne pourra plus être modifiée par la suite pour éviter des problèmes lors de la réception. Une revente rapide en vue d'obtenir un préfinancement implique de faire une estimation précise dès le début. Car le promoteur doit pouvoir fixer son prix de vente correctement. On attend donc du dossier de demande de permis qu'il soit un dossier d'exécution complet. Pour le concepteur, la phase de conception est rallongée par le dossier d'exécution – et la phase de demande de permis dure donc également plus longtemps.



Comment les tâches et les responsabilités ont-elles évolué ces 30 dernières années ?

L'introduction de l'imagerie, de la visualisation en vue de la vente, va de pair avec l'élaboration de cahiers de charge qui, par des formules sommaires, créent souvent toutes sortes d'attentes dans le chef des acquéreurs et ne sont pas toujours conformes aux spécifications d'exécution détaillées. Ce qui donne souvent lieu à des discussions lors de la réception en présence des nouveaux propriétaires.

Autre spécificité du secteur dans lequel opère SumProject+SumResearch : les tâches de l'architecte ne se limitent plus à la conception et au contrôle de l'exécution, de nombreux projets deviennent un travail d'équipe. On demande de plus en plus souvent des visions de développement intégrant toutes sortes de critères, de sorte que toute une équipe de spécialistes doit se pencher sur le projet : l'architecte ne peut plus assurer la conception tout seul.

Citons l'exemple du « design & build », une formule de plus en plus demandée dans le cadre de laquelle un investisseur a souvent son mot à dire sur la conception. L'architecte se retrouve donc entre l'investisseur et l'entrepreneur. Ce qui peut bien sûr avoir des avantages, surtout lorsque la mission de l'entrepreneur comprend aussi l'entretien, car il sait alors que lui aussi a tout intérêt à utiliser des matériaux durables. La durabilité et la budgétisation s'en trouvent mieux équilibrées. L'inconvénient, c'est que l'architecte reste un subordonné en ce qui concerne la technicité.

Autrefois, un projet de construction impliquait l'architecte et les entrepreneurs. Désormais, l'équipe de conception s'est considérablement élargie, à commencer par l'ingénieur en stabilité, l'ingénieur technique, le coordinateur de sécurité, etc. : il s'agit de plus en plus d'une équipe de spécialistes, on met de plus en plus l'accent sur la coopération.

Les tribunaux, pour leur part, sont désespérément à la traîne : ils considèrent toujours l'architecte comme celui qui tire toutes les ficelles du projet, son superviseur global. Or en pratique, l'architecte a désormais plutôt un rôle d'orientation.

Vu la durée de certains projets, qui s'étalent sur plusieurs années, il est aussi indispensable que cette coopération s'inscrive dans la durée, ce qui peut aussi poser problème.



Quelle est l'importance de l'assurance RC et d'une relation à long terme avec l'assureur ?

Le nombre de sinistres n'augmente pas, mais leur charge financière bien. Une assurance RC a donc toute son utilité. Les clients doivent pouvoir compter sur le fait qu'une solution sera trouvée, même si les choses tournent mal. La continuité de la relation entre l'assureur et l'assuré est très importante, en particulier dans le secteur de SumProject+SumResearch, où l'on travaille avec de nombreux clients réguliers plutôt qu'avec des clients ponctuels.

En tant que bureau d'architectes, nous constatons que les honoraires sont de plus en plus discutés. Ils sont de plus en plus forfaitarisés alors que les tâches sont de plus en plus vastes et de plus en plus longues. La phase de conception ne cesse de s'élargir. Et cet allongement de la durée implique souvent des changements d'avis : nous devons donc apporter des modifications sans toucher au prix. Nous ne sommes certes pas assurés contre toutes ces discussions, mais pouvons néanmoins toujours compter sur les conseils du service d'étude.


Table ronde Bruno D’hondt Table ronde Jo Verstraete Table ronde Philippe Van Goethem
0
0
0
s2sdefault